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Gong fu cha, l’art du thé en Chine

Par TACHON Matthieu - 10 Juin 2022
Thématiques : Civilisation chinoise
Discipline :
Niveaux de pratique : Débutant

Le thé est un produit de la nature, il nous est offert. Il est le lien qui rapproche et unit l’homme à la nature.champ de thé en ChineLa plante représente le pouvoir de création et de renouvellement de la nature, le conditionnement représente la technologie et le savoir faire de l’homme. L’ensemble des deux doit tendre à l’harmonie.

L’intervention de l’homme doit toujours rester en retrait par rapport aux qualités offertes par la plante, elle doit sublimer les qualités déjà remarquables du thé.

Le moment du thé est un moment de recueillement, de rassemblement des énergies, de retour à la racine de l’être, ainsi purifié et apaisé par la douceur de l’infusion.

Le moment du thé est une introspection. Il permet d’apaiser les esprits, il tend vers l’harmonie entre le corps et l’esprit mais aussi entre les relations humaines.

Le moment du thé reflète l’impermanence des phénomènes. Tel un fleuve qui s’écoule devant nos yeux, il parait toujours être semblable mais n’est jamais deux fois le même. Mais est-il différent pour autant ? Le moment du thé trouve sa place dans l’instant.

Le passé n’existe plus et le futur n’a pas lieu d’être tant le moment présent est chargé de sens.

La voie du thé, cha Dao, a été imprégnée, transformée et modifiée par les trois courants de philosophie que sont le Taoïsme, le Bouddhisme et le Confucianisme. La voie du thé taoïste a mis l’accent sur l’énergie universelle ou qi dont les lois sont régies par le Tao. Il s’agit lors du gong fu cha de prendre le thé en ressentant l’énergie de la nature, en ayant conscience des lois universelles de la nature mais sans se contraindre à analyser ou à méditer dessus.

Le thé est un support de réalisation des principes universels de la nature. Le moment du thé taoïste est régi par wu wei, le non agir. La non-intervention de l’esprit d’analyse. La voie du thé taoïste est une communion avec la nature par la sensation. La voie du thé bouddhiste baigne dans l’esprit du Chan (Zen).

Le Chan est certainement le courant de pensée qui est le plus proche de l’art du thé. Nombreux sont les parallèles dans la littérature Chan entre l’esprit et une tasse de thé, vide ou pleine…

Nombreux sont les maîtres Chan à avoir cultivé du thé aux alentours des temples et à avoir été maîtres de thé. Nombreux également sont les maîtres Chan à avoir atteint l’éveil en buvant le thé.

Si les maîtres vouent un si grand intérêt au thé, c’est qu’il recèle des propriétés particulières.

Le thé se pratique dans le silence, le dépouillement matériel (pas d’artifices) et spirituel (pas de pensées parasites). Il reflète l’instant présent, le même instant recherché lors de la méditation. De plus, le thé agit sur l’esprit : il le clarifie, l’apaise mais aussi le tonifie et l’affermit. Autant de qualités recherchées et appréciées lors de la pratique monastique.

Ainsi le Chan et l’art du thé trouvent leur racine commune dans leur relation à l’esprit. La voie du thé confucianiste est sans doute la moins spirituelle mais néanmoins la plus conviviale.

L'art du thé

A l’image du confucianisme qui prône l’harmonie dans les relations humaines, le moment du thé confucianiste est un moyen de retrouver une simplicité, une authenticité, une paix dans les relations humaines.

Chacun se prépare à cet instant avec humilité, respect, et sérénité. Le silence absolu n’est pas de rigueur mais chacun s’emploie toutefois à réguler son «enthousiasme» ou ses préoccupations.

Le moment du thé n’est pas le moment d’un individu mais de tous, où chacun apporte et bénéficie de l’harmonie.

L’art du gong fu cha possède donc un versant matériel et spirituel.

Le versant matériel étant la méthode même du gong fu cha qui permet de sublimer le goût du thé.

Le rituel exécuté sert de repère, de support. Il permet de ne pas laisser son esprit errer, c’est pourquoi il est essentiel de le respecter. Cependant le rituel du thé ne doit pas entraver la liberté d’exécution et la fluidité du mouvement.

L’aspect matériel doit permettre de dépasser la dégustation pour trouver l’esprit du thé.

Le thé accompagne celui qui le boit sur le chemin de la spiritualité grâce à l’introspection et à l’harmonie qu’il véhicule. De manière naturelle il trouve son sens à travers l’instantanéité sans cesse renouvelée.

Ecrit par TACHON Matthieu

Matthieu Tachon, ostéopathe de profession, pratique les arts martiaux chinois depuis plus de 20 ans. Initié aux Shaolin quan du nord ainsi qu’à la culture et tradition chinoise, il étudie et pratique également l’art du thé chinois depuis plus de 15 ans en parcourant les régions du Fujian, Zhejiang, Anhui, Yunnan, Sichuan, Hong Kong…
En 2005, il part à Chenjiagou étudier le taijiquan style Chen auprès de maitre Chen Lifa, maitre renommé de la lignée Xiaojia. Il y séjourne plusieurs mois par an pendant 7 ans.
En 2011, Maitre Chen Lifa accepte de reconnaître Matthieu Tachon comme disciple étranger (il l'est encore en 2017) et le fait inscrire officiellement sur les registres généalogiques d’Etat.
En 2017, le député du comté de Wenxian et directeur de la culture propose à Matthieu Tachon de mettre en image, au sein d’un court métrage, son histoire unique au village. Le film reçoit le prix d’excellence en Chine.
En 2017, l’association des maîtres de Chenjiagou et le département de la culture et des sports de Wenxian décernent à Matthieu Tachon le titre d''Ambassadeur International de la culture du taijiquan".
Ils autorisent Matthieu Tachon à représenter le taijiquan de Chenjiagou en France.

www.chentaijiquan.club

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